Chaque année, ce réflexe se ravive. « Autour de la Saint-Valentin, » soupire Bastiaan, « les médias français publient systématiquement des articles à charge contre les fleurs importées. Photos de lacs kényans aux couleurs étranges, enquêtes sur les pesticides dans les roses… On y est malheureusement habitués. »
Mais l’an dernier, le débat a pris une ampleur inédite. Tout est reparti d’un drame : une jeune fille, la fille d’une fleuriste, est décédée d’une leucémie. Plusieurs médias ont affirmé, de manière très appuyée, que sa maladie était due à des pesticides présents sur des fleurs importées d’Équateur. Pendant des semaines, les images, les témoignages et les réactions ont envahi l’actualité. Presse écrite, télévision, réseaux sociaux : tout le monde s’en est emparé.
Pour de nombreux consommateurs et fleuristes français, ce fut un tournant. Les émotions étaient vives. L’indignation, immense. Même si de nombreuses questions demeuraient sans réponse, l’opinion publique semblait tranchée : les fleurs importées devenaient soudain le symbole de la pollution, des risques sanitaires et de pratiques injustes.
L’impact a été énorme, constate Bastiaan. « Pendant plusieurs semaines, certains clients étaient vraiment inquiets. Des fleuristes ont refusé temporairement d’acheter des fleurs importées. Et certains n’y sont jamais revenus. »